Découverte d’un écosystème très particulier et unique en son genre au Maroc : Sebkhat Imlily

Sebkhat Imlily_la plus grande poche

En janvier 2009 un groupe d’observateurs de GREPOM voulant pousser plus au sud leur prospection de zones humides non encore explorées et susceptibles d’accueillir des oiseaux d’eau en migration hivernale, décide d’aller explorer une zone humide dans la commune d’Imlily située à une centaine de kilomètres au sud-est de la Baie de Dakhla.

Arrivés sur place, la déception qui de prime abord saisit nos observateurs, en ne voyant, à l’horizon, aucun oiseau peupler les eaux, céda, tout de suite, la place à un émerveillement total devant la particularité et la beauté du site. Ils venaient de découvrir un système écologique original, unique et jamais rencontré au Maroc ; la Sebkha d’Imlily ! (voir Sebkhet Imlily, une zone humide originale dans le Sud marocain (Qninba & al. , 2009))

Une des poches de Sebkhat Imlily

Le site se présentant sous forme d’une vaste sebkha est composé de plus d’une centaine de poches d’eau permanente et hyper salées, en plein désert, là où les précipitations sont connues pour être chiches.  Si la salinité élevé a fait fuir les oiseaux elle a par contre favorisé la présence d’une espèce de poisson Cichlidés rattachée au Tilapia de Guinée Tilapia guineensis, jusqu’alors inconnu au Maroc et dont la limite septentrionale de répartition mondiale se limitait au Fleuve Sénégal (Afrique de l’Ouest) avant sa découverte récente sur un affluent de l’Oued Chebeika et au niveau du Banc d’Arguin en Mauritanie.

Tilapia de Guinée à Sebkhat Imlily

A écosystème particulier correspondent des particularités biologiques, c’est ainsi, et malgré que la sebkha d’Imlily soit lointaine d’une quinzaine de kilomètres de l’océan, on note la présence d’espèces d’origine aquatique marine, comme la Ruppie maritime Ruppia maritima, plante aquatique vivace à tiges fines et allongées et feuilles très effilées, la Crevette des marais Palaemonetes varians au corps transparent laissant apercevoir les organes internes, l’Hydrobie atlantique Hydrobia ventrosa, un petit escargot de quelques millimètres de longueur à coquille pointue, et l’Ancyle Ancylus fluviatilis un mollusque rappelant par sa coquille conique la patelle et dont la présence au site reste très surprenante puisqu’il s’agit d’une espèce caractéristique des eaux douces courantes et célèbre, entre autre, en tant que bio-indicateur de la qualité de l’eau puisqu’il ne tolère que les eaux très pures.

video Frack Chevalier

La nécessité impérative de sonder cet écosystème particulier afin de mieux le connaitre, a abouti au lancement d’un projet de recherches scientifiques multidisciplinaire s’articulant autour de deux axes principaux :

–          Etude du fonctionnement hydrologique et de l’évolution paléogéographique et paléoclimatique de la Sebkha d’Imlily,

–          Identification des principales composantes de la biodiversité de la Sebkha et de ses environs.

Ce projet, intitulé ‘‘Un système de zone humide saharienne relique : la Sebkha d’Imlily’’, a été monté par une équipe de chercheurs de l’Université Mohammed V-Agdal (Institut Scientifique et Faculté des Sciences) et de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, France). Il a été porté par l’Association Nature-Initiative de Dakhla (ANI) et a reçu le financement de la part de l’Agence de Développement et de Promotion des Provinces du  Sud  ainsi  que  du  Conseil  régional  d’Oued  Eddahab-Lagouira,  du  Conseil provincial d’Oued Eddahab et du Conseil communal d’Imlily.

Le projet a été lancé en 2012 et prit fin, cette année, en juin 2014 avec l’organisation le 05 et 06 juin à Dakhla, d’un atelier de restitution des principaux résultats des diverses recherches menées sur le site de Sebkhet Imlily qui a connu la présence de toutes les institutions partenaires du projet en plus de personnalités nationales, régionales et locales.

Certaines études sont encore en cours, mais la revue des résultats acquis jusqu’à maintenant a permis d’avoir une idée assez claire sur les valeurs patrimoniales (hydrologiques, écologiques et culturelles) que présente la Sebkha d’Imlily.

Atelier de restitution des resultats_photo de groupe

A l’issu de l’atelier de restitution des résultats, le GREPOM-BirdLife, le Conseil de la Région d’Oued Eddahab-Lagouira, le Conseil de la Province d’Oued Eddahab, le Conseil de la Commune rurale d’Imlily, l’Institut Scientifique de Rabat, et l’Association Nature-Initiative de Dakhla, ont signé la Déclaration de Dakhla un engagement de leur part pour la poursuite de leurs appuis moral, matériel et scientifique pour la conservation de cet écosystème exceptionnel. L’Agence de Développement et de Promotion des Provinces du Sud, partenaire du projet, devrait également signer cette déclaration.

 

Ce qu’en disent les médias

 

Couverture de l’événement par la télévision Al MAGHRIBIA

 

Couverture de l’événement par la télévision 2M

 

Couverture de l’événement par la télévision locale DAKHLA 24

 

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