Les Salines de Lixus : Le développement humain au service de la protection de l’environnement

Les zones humides du Bas Loukkos, sont situées au Nord-ouest du Maroc à 160 kilomètres au nord de Rabat et à 80 kilomètres au sud de Tanger. Elles sont constituées d’un large complexe marécageux et estuarien qui occupe la basse plaine de l’oued Loukkos. L’estuaire a une superficie de 3600 ha (PDAP, 1994). Ce complexe est le résultat de l’extension urbaine de la ville de Larache et d’aménagements hydro-agricoles. Ces derniers, malgré leur ampleur, ont laissé la place à un espace naturel à grandes potentialités écologiques, éducatives et écotouristiques.

Le complexe de zones humides du bas Loukkos a été reconnu comme site d’intérêt biologique et écologique et fut inscrit en 1996 dans le plan directeur des aires protégées du Maroc. Il fut également proposé comme zone humide d’importance internationale (Site Ramsar) dans le cadre d’une étude de classement de 20 nouveaux sites.

Faisant partie intégrante du paysage de la ville de Larache, les Salines de Lixus, constituent un habitat original du Complexe des zones humides du bas Loukkos.

Un habitat vital pour la biodiversité

En plus de ses qualités paysagères et culturelles, le site héberge des populations d’oiseaux migrateurs et nicheurs comprenant plusieurs espèces rares ou globalement menacées.

Au sein de ce complexe, les salines de Lixus constituent un relais stratégique pour des centaines de milliers d’oiseaux côtiers, qui l’utilisent pendant leurs deux passages annuels. Les rassemblements de milliers d’oiseaux dans ce site, qui jouxte le site archéologique de Lixus, lui confèrent des valeurs paysagère et patrimoniale incontestables. Plus de 50 espèces d’oiseaux se reproduisent dans le complexe de zones humides du bas Loukkos, y compris le Fuligule nyrocaet la Talève sultane. Les Flamants roses et les espèces rares, comme le Goéland d’Audouin et la Spatule blanche sont des visiteurs réguliers des Salines de Lixus.

Photo: © GREPOM/BidLife Morocco

La réhabilitation des salines : un acquis environnemental, culturel et économique

Avec l’arrêt de leur exploitation dans les années 90, ces salines ainsi que l’estuaire du Loukkos, ont perdu toute leur valeur. Pour cette raison, GREPOM/BidLife Maroc a décidé de les réhabiliter, via un double soutien : International (VBN/BidLife Pays-Bas) et national (Initiative Nationale du Développement Humain/Province de Larache).

Les salines sont un très bon exemple pour illustrer et démontrer que la conservation de la nature et les opportunités économiques pour les populations locales peuvent fonctionner ensemble. Le projet de réhabilitation des salines de Lixus est l’exemple probant de développement durable, dans le sens où ces salines peuvent jouer un rôle majeur à la fois comme écosystème d’accueil d’oiseaux migrateurs et comme source de revenus pour la communauté locale. Ladite réhabilitation, aborde le développement durable dans ses dimensions environnementales (protection de la nature), sociales (revenus pour un groupe local), culturelles (sensibilisation à la valeur du patrimoine régional) et économiques (promotion du potentiel écotouristique régional).

Photo: © GREPOM/BidLife Morocco

Depuis le début de ce projet, GREPOM/BirdLife Maroc, soutenu par ses fidèles partenaires, a entrepris la réalisation des objectifs pré-établis. Afin de mener le projet dans des bonnes conditions, plusieurs études ont été réalisées à savoir : une évaluation de l’impact environnemental du projet et une étude de marché du sel dans la province de Larache. Ensuite, GREPOM a pu créer et accompagner une coopérative d’exploitation des salines dont la nomination est « SELARACHE ».

Afin d’identifier les travaux de réhabilitation nécessaires, le GREPOM a effectué plusieurs missions de terrain, d’une part en compagnie des anciens sauniers, et d’autre part avec des ingénieurs compétents et les membres de l’équipe de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) de la province de Larach. Ce qui a permis de valider les travaux d’aménagement à réaliser et les équipements à acquérir.

Au final, 39 hectares de salines ont été réaménagés. La coopérative exploite déjà les nouvelles salines et elle a commencé à commercialiser le sel. De même, cette réhabilitation a engendré une abondance et une richesse spécifique du peuplement des oiseaux au niveau des salines qui y ont retrouvé un habitat de repos et de nourriture.

Tout compte fait, le projet de la Réhabilitation des Salines de Larache est l’un des projets les plus fructueux dont la population locale de Larache a pu bénéficier à ce jour. Un projet qui s’inscrit dans la politique de développement durable et l’intégration de la population locale dans la gestion du projet pour garantir sa pérennité.

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