Mort mystérieuse de dizaines de goélands

Goeland mort
Goeland mort

Pusieurs dizaines de goélands de la famille des laridés ont été trouvés morts ou agonisants le 29 octobre dernier au niveau du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah dans la région de Akrach qui approvisionne en eau potable les villes de Rabat et Salé. Les témoins ayant fait le constat de cette découverte ont confirmé que des oiseaux d’eau de la même famille comme les foulques se comportaient normalement le même jour dans la même zone humide.
Alertée, une commission provinciale s’est rendue sur place pour enquêter sur les origines de cette mortalité massive de ces oiseaux. «Des analyses effectuées par des services vétérinaires ont confirmé que la mort de ces goélands ne provient pas du virus de la grippe aviaire. Selon les conclusions du rapport de la commission provinciale, l’origine de la mort revient au froid et au manque d’aliments», a expliqué Mjid El Mouchter, directeur provincial au Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) pour la région de Rabat.

Cette réponse n’a pas du tout convaincu les défenseurs des oiseaux. «Il n’y a pas eu dernièrement une vague de froid ni au Maroc ni en Europe. Quant au manque de nourriture, ces goélands, s’ils ne trouvent pas à manger sur place, ont l’habitude d’aller chercher leur nourriture dans les décharges publiques», a répondu Imad Cherkaoui, directeur exécutif du Groupe de recherche pour la protection des oiseaux au Maroc (GREPOM)-BirdLife Maroc.
Autre question qui reste posée. Pourquoi les goélands, parmi les autres oiseaux, ont-ils succombé à cause du froid et du manque d’aliments ? «Dans le barrage, seuls les goélands étaient morts ou agonisants alors que d’autres oiseaux d’eau se comportaient normalement lors du jour de l’observation. D’autre part, nous avons pu lire aussi dans la presse, il y a quelques jours, un phénomène similaire, c’est-à-dire une mortalité de plusieurs dizaines de goélands dans la région d’El-Jadida. S’agit-il d’une simple coïncidence ? Nous ne le pensons pas.
Durant l’automne de l’année dernière, une mortalité massive d’oiseaux marins appelés “fou de bassan” a été enregistrée le long des côtes marocaines depuis Kénitra jusqu’aux côtes du Sahara atlantique marocaines. À ce jour, aucune explication n’a été apportée par les services vétérinaires marocains. C’est vraiment énigmatique, peut-être que l’origine de cette mortalité est à chercher en mer», a ajouté M. Cherkaoui.
Le Maroc, qui se trouve sur l’un des couloirs principaux de l’immigration des oiseaux dans le monde qui viennent de l’Europe et se dirigent vers l’Afrique, a adhéré à des conventions internationales de conservation de la biodiversité. Parmi ses engagements, la protection des habitats naturels dans les lieux d’escale des oiseaux migrateurs, notamment celui de Marja Zerka près de Moulay Bousselham ou le lac de Sidi Boughaba. Ce dernier site naturel situé non loin de Kénitra, qui accueille chaque année des milliers d’oiseaux migrateurs, est déjà menacé par l’avancée urbanistique.

Vu sa situation géographique, le Maroc pourrait être une destination privilégiée par les ornithologues en quête d’observation d’oiseaux (birdwatching). Plusieurs pays dotés de ces potentialités naturelles ont développé des niches touristiques. Ces touristes sont considérés comme une clientèle aisée, écologiste qui peut parcourir des milliers de kilomètres à travers le monde pour voir leur oiseau préféré.

Source : Le Matin

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